Filles de Shanghai – Lisa See

Si vous venez de temps en temps sur ce blog, vous savez que ce n’est pas la première fois que j’essaye Lisa See (en témoigne mes deux derniers articles sur des Lisa See : Fleur de Neige et Le pavillon des Pivoines). Aux dernière nouvelles je voulais savoir si j’aimais bien les écrits de cette autrice, j’ai donc lu deux autres de ses livre : Filles de Shanghai et sa suite, qui viendra dans un prochain article Ombres Chinoises.

Pour ne pas faire durer le suspense outre mesure, ces deux livres n’ont vraiment pas été concluants pour moi. Je vous explique : on suit l’histoire de Perle et Joy, deux sœurs, filles de Shanghai, d’une famille assez riche pour ne pas avoir à ce soucier d’argent, mais qui gagnent leur argent de poche en faisant un travail de « Jeunes beautés » : elles sont belles et posent pour des peintres pour qu’ils fassent leur portrait. Tout va pour le mieux au pays des oisifs. Un beau jour, elles rentrent chez elles et apprennent que leur père à perdu toute sa fortune aux jeux (pourquoi pas, thème intéressant…), qu’il a des dettes auprès d’un parrain des triades (ok, le thème des triades aussi…). Pour éponger ses dettes, leur père les vend de force à un chinois d’Amérique (Pourquoi pas, le mariage forcé, peut être un thème intéressant à exploiter dans un livre…). Elles sont donc obligées de partir pour San Francisco, mais avant qu’elles y parviennent, les japonais envahissent Shanghai, leurs amis meurent sous les bombes et leur père fuit seul de son coté sans les prévenir. elles tentent de fuir avec leur mère qui meurt en route et prennent un bateau pour rejoindre leurs maris et leur beau-père tyrannique en Amérique, alors que l’une d’elles est déjà enceinte d’un autre homme que son mari. Et on arrive au thème central de ce roman : l’arrivée et la vie des chinois nouvellement arrivés aux États-Unis dans les années 1930.

En soi, les thèmes abordés sont intéressants, mais c’est juste beaucoup trop. Trop de thèmes sont abordés, on dirait que l’autrice a essayé de réunir dans ces deux personnages tous les problèmes que pouvaient rencontrer les jeunes chinoises de l’époque. Tout ça tout en essayant de donner du fond et une personnalité aux personnages, ok ! Bon, niveau personnalité, pourquoi pas, les personnages sont construits, mais niveau scénario, il y a deux trucs que j’aimerai relever. Le premier est que ce livre retrace quand même l’histoire d’un syndrome de Stockholm assez absurde : Les filles sont vendues à leurs maris, leur beau-père les maltraite quotidiennement, les empêche de travailler ou d’avoir de l’argent et du jour au lendemain, elles font la promesse de ne pas essayer de s’enfuir alors tout va beaucoup mieux, elles le trouvent sympa etc… Deuxième chose sur la résolution d’une partie de l’intrigue. J’ai mentionné plus haut que l’une des deux était déjà enceinte d’un autre homme que son mari avant de s’embarquer pour le rejoindre. Comment l’enfant apprend que son père n’est pas son vrai père ? Hé bien il n’y a qu’à faire s’engueuler Perle et Joy dans le plus grand dialogue de sourd insignifiant que je n’ai jamais lu. En résumé : – De toutes façon nos parents t’ont toujours préféré à moi, d’ailleurs papa s’asseyait en face de toi et maman à coté à table ! – Non, c’est toi que nos parents préféraient, d’ailleurs, papa était assis à coté de toi et maman en face ! – Même avec Untel que j’aimais, tu as toujours attiré plus l’attention des autres ! – Au fait, c’est lui le père de mon enfant. Évidemment, l’enfant débarque à ce moment là, bien assez âgé pour comprendre ce qu’il se dit – C’est qui Untel ? et l’enfant fuit tenter de retrouver son père alors que la seconde d’avant il ne savait pas que c’était son père adoptif. (Mais ça -> Tome 2).

Bon, je m’énerve je m’énerve, mais les mauvais côtés du roman ne gâche pas tout à fait les bons côtés : ça reste un roman assez bien géré sur la situation des chinois en Amérique entre les années 1930 et 1950. On parle beaucoup du racisme envers les Afro-américains, mais il faut savoir que ce n’était pas mieux d’être Sino-américain non plus : peu de travaux autorisés, lieux interdits, amalgames avec les japonais et donc violence pendant la seconde guerre mondiale, ghettoïsés dans les chinatowns. C’est pas la joie. Mais bon, je trouve que cet aspect du livre est un peu écrasé par tout le reste, qui sert normalement à planter un décors, des circonstances, ici, les circonstances prennent le pas sur le propos.

Bon, c’est pas une réussite pour moi que ce livre. Y’a un petit bon coté, mais dans l’ensemble, c’est too much ! ça m’embête, parce qu’à ce jour, je n’ai lu qu’un seul Lisa See vraiment convaincant, mais ça veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres mais tous les autres… Dur.