Le Pavillon des Pivoines – Lisa See

Le Pavillon des Pivoines est le troisième Lisa See que j’ai lu. En ayant adoré un (Fleur de neige) et détesté un autre (Ombres Chinoises) je me suis dit que cette troisième tentative devrait me permettre de faire pencher la balance d’un coté ou de l’autre. Le résultat ? Et bien… C’est mitigé. ^^

Alors, il se trouve que je ne lis quasiment jamais les quatrièmes de couvertures (Surtout pour les auteurs chinois ou d’origine chinoise, dont je lis de toute façon les œuvres lorsque je tombe dessus ^^). Donc, en lisant ce roman ou plutôt la première partie de celui-ci, j’ai commencé par me dire que Le Pavillon des Pivoines était un peu sur me même thème que Fleur de Neige, mais au lieu de parler des relations entre femmes, le livre se concentre plutôt des relations entre les femmes et les hommes en Chine ancienne. Donc, pour la première partie, le livre n’était pas très intéressant pour moi puisqu’il se cantonne à un sujet déjà beaucoup traité dans la littérature (par exemple dans un nombre considérable de romans de Pearl Buck ou de Han Suyin.)
Au début du roman, on suit donc Pivoine, une jeune fille, unique enfant de ses parents et bien instruite par son père, puisqu’elle a appris à lire et à écrire. Pivoine approche de l’âge de se marier, mais avant de rencontrer son mari avec qui ses parents ont arrangé un mariage, elle rencontre un jeune poète duquel elle tombe amoureuse. A l’idée qu’elle va devoir se marier avec un autre homme que lui, Pivoine se perd dans son travail (un commentaire de l’opéra Le pavillon des pivoines), mais aussi l’appétit et le sommeil. Attention ! Attention, à partir de maintenant et pour tout le reste de l’article : Spoilers ! RDV à la conclusion pour ceux qui ne veulent pas connaître toute l’histoire ^^ Il se trouve que l’homme auquel elle est promise n’est nul autre que son poète amoureux qu’elle a rencontré (Seriously la coïncidence ?). Malheureusement, le sort s’acharne et Pivoine étant déjà trop affaiblie lorsqu’elle apprend l’identité de son futur mari, elle décède tout de même. (Seriously again ! ^^)

La deuxième partie du roman commence donc sur le décès de l’héroïne du roman, et comme il se trouve que je n’avais pas lu la quatrième de couverture, j’ignorais ce qui allait suivre (qui est allègrement spoilé dans le résumé d’ailleurs) : on suit toujours Pivoine, même après sa mort. Petit point culture : Après le décès d’un personne, l’imaginaire de la vie après la mort en Chine voulait que l’âme soit séparée en trois parties : la première reste dans le corps, et habite ensuite dans la tombe, la deuxième vient se loger dans la tablette sur laquelle le nom du défunt est inscrit, tablette que les vivants utilisent pour rendre hommage aux ancêtres, et la dernière partie va dans l’au-delà. Si l’enterrement est mal fait, ou la tablette mal gravée ou abimée, l’âme ne peut rejoindre l’au-delà et ne peut pas accéder au statut d’ancêtre (Fin du point culture, merci de votre attention ^^) Suite à un malentendu, la tablette de Pivoine n’est jamais gravée à son nom et donc, son âme est condamnée à errer sur terre jusqu’à ce que la situation soit régularisée. (Quel manque de chance tout ça, pauvre Pivoine ! ^^) Pour moi, c’est vraiment la partie la plus intéressante du roman, peu de romans ayant été écrits sur l’au-delà chinois (On peut trouver à la limite Aux portes de l’enfer (Picquier) et Histoires d’amour et de mort de la Chine ancienne (Flammarion), deux recueils de nouvelles sur les créatures mythologiques et l’au-delà, mais rien d’autre en roman à ma connaissance). Pivoine se retrouve donc sous la forme de fantôme à errer auprès de son ex-futur-mari en essayant de tout faire pour le rendre heureux, au détriment du reste.

On arrive à la troisième partie du roman : la femme de l’ex-futur-mari de Pivoine se laisse mourir et Pivoine commence à culpabiliser de ce qu’elle a pu faire comme mauvaises actions avec ses pouvoirs de fantôme. Elle décide donc de se racheter en faisant tout pour qu’une jeune fille puisse se marier (choisie de manière plus ou moins random). C’est à dire qu’elle persuade ses parents de lui bander les pieds, même si ce n’est pas la coutume dans la région où habite la jeune fille. (Le droit des femmes part pas gagnant). Et avec qui cette jeune fille se marie ? Évidemment à l’ex-futur-mari de Pivoine. L’héroïne n’a finalement pas beaucoup changée : c’est toujours son mari avant tout le reste. La nouvelle épouse se retrouve donc à continuer le travail des précédentes épouses de cet homme : un commentaire de l’Opéra Le pavillon des pivoines. Et comme les épouses précédentes, le travail finit par lui faire perdre l’appétit et le sommeil. Le livre se présente un peu comme soutenant les droits à l’instruction des femmes et leur droit à ne pas subir des mariages forcés, mais il est maladroit bien souvent et part parfois dans la direction opposée à mon sens. Celui-ci est beaucoup moins bien réussi que Fleur de Neige sur ce plan là. ! Fin Spoilers !

En dehors de ça, il y a une chose qui m’a gêné dans ce roman que je n’avais jamais vu ailleurs concernant les noms propres. La plupart des noms propres en Chine ont une signification et l’auteur ou le traducteur ont toujours le choix de mettre les noms soit en pinyin (la transcription en alphabet latin des sons chinois), soit de traduire les noms. Mais là le choix n’est pas fait, et d’un personnage sur l’autre, le choix n’est pas le même. Outre Pivoine, on croise donc par exemple Fleur de Genêt, Wu Ren, Shao ou Branche de Saule. Tout ça fait quand même un drôle de décalage.

Bon, malgré le nombre de ses défauts, on ne peut pas dire qu’il soit vraiment loupé pour autant. Pas une grande réussite non plus, ce qui fait que dans les livres de Lisa See, j’en suis à : un très bon livre, un moyen, celui-ci, et un vraiment loupé. Je le répète une autre fois, si vraiment vous voulez découvrir Lisa See, je vous conseille vraiment Fleur de Neige en premier. ^^