Le Puits – Lu Wenfu

Le Puits est un recueil de 4 nouvelles, 1 nouvelle autobiographique et 2 novellas toutes écrites par Lu Wenfu entre les années 50 et les années 80. Lu Wenfu ayant très peu d’œuvres traduites en français, c’est dans ce recueil qu’on trouve l’essentiel de son travail en France. J’ai rapidement parlé de Lu Wenfu au commencement du blog avec son seul roman long : Nid D’hommes.

Avant de vous présenter les nouvelles de ce recueil, je vais un peu vous parler de l’auteur : Lu Wenfu. Lu Wenfu est un auteur de la deuxième moitié du XXème siècle. Si vous voyez un peu le XXème siècle en Chine, à partir de 1949, c’est : accession de Mao et du PCC au pouvoir, grand bond en avant, grande famine, révolution culturelle… En bref, c’est pas joyeux… Dans ce contexte, on rapproche souvent l’auteur du mouvement dit de « recherche des racines » (寻根文学), plus particulièrement de la « recherche des racines urbaines » (城市寻根), sauf Wikipédia, qui le rapproche de la « littérature des ruelles », un courant qui existe uniquement sur la page Wiki de Lu Wenfu. La particularité des écrits de cet auteur est que tous se déroulent dans la ville de Suzhou, ville à l’ouest de Shanghai et qui est connue comme étant une « Venise de Chine ».

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzhou

On va passer aux nouvelles qui sont au nombre de 7, et non 6 comme l’indique l’éditeur. Mais dans cet article, je ne vous parlerais que de six d’entre elles, puisque j’ai fat un article spécial pour celle intitulée « Le Gourmet », et qui a été réédité en France chez Picquier sous le nom : Vie et Passion d’un gastronome chinois

« Ce recueil regroupe six nouvelles de Lu Wenfu »

Quatrième de couverture
Lu Wenfu, Le puits, Beijing : Éditions littérature chinoise, 1988, 360p.

Au Fond de la ruelle.

J’imagine que c’est en partie à cause de cette nouvelle que Wikipédia à décrété que l’œuvre de Lu Wenfu faisait partie de la « Littérature des ruelles », ou en tout cas, grâce à ce recueil. Cette nouvelle raconte l’histoire d’une ancienne prostituée sous le régime communiste, et sa recherche du bonheur et d’un homme qui l’accepterait telle qu’elle est, avec son passé. Et régime communiste ou pas, la société n’accepte pas trop tout ça. J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle, et fait d’ailleurs écho à ce qu’on peut voir en France actuellement aussi, cette absence de « seconde chance » pour les gens.

Une ancienne famille de colporteurs.

Deuxième nouvelle du recueil, deuxième critique de la société chinoise sous le communisme. Cette nouvelle met en scène un vendeur de rue, qui, sous le communisme, doit à terme cesser son activité, puisque capitaliste. Cette nouvelle est surtout intéressante au niveau des réflexions du personnage principal de l’histoire, un des clients de ce vendeur, qui se demande comment ce soit possible que cet homme, considéré comme capitaliste, soit plus pauvre que lui, appartenant aux classes prolétaires.

Le Puits

Alors, on arrive à la seule novella dont je vais parler ici, puisque l’autre, c’est « Le Gourmet ». Vous l’aurez remarqué, c’est cette novella qui donne son nom au recueil (Attention pour les intéressés, le livre Le Puits édité chez Picquier n’est pas un recueil de nouvelles, il ne contient que cette novella là !) Donc, « Le Puits » est l’histoire d’une jeune femme, Xu Lisha, récemment diplômée et qui commence à travailler dans une unité de travail. Comme elle est diplômée, elle est automatiquement considérée comme étant une intellectuelle, et donc mal vue des masses prolétaires (et donc de ses patrons). Zhu Shiyi, un des inspecteurs de l’unité ou elle travaille, cherchant depuis un long moment à se marier, décide de l’aider, pour se faire bien voir d’elle. Redoublant de gentillesse et de petites attentions, elle finit par accepter sa demande et se marier avec lui. Juste après leur mariage, le comportement de Zhu Shiyi change du tout au tout, car ce qu’il souhaite, c’est une femme « traditionnelle » (en bref, qui est aux ordres de son mari et de sa belle-mère et qui, surtout, ne gagne pas plus d’argent que son époux). A partir de là se développe une sorte de guerre ouverte entre ces deux personnages au sein de leur couple.

Le Mur

Le mur est une nouvelle que j’ai trouvé très amusante, elle retrace le travail d’un jeune homme, nouveau dans un service, qui doit faire rénover le mur d’enceinte de son service et qui, grâce à son efficacité, parvient à le faire très rapidement, tout en parvenant à satisfaire toutes les demandes, jusqu’aux plus absurdes, des gens de son service. Lorsque le moment est venu d’attribuer le mérite de ce travail à quelqu’un, tous les gens qui ont formulé ces demandes absurdes sont là pour valoriser leur travail, mais ce jeune homme est absent, occupé à travailler ailleurs. (Oui, j’ai énormément aimé celle là ! ^^)

La Sonnette

« La sonnette » est une nouvelle plus tardive, à une époque où les gens commençaient à remplacer les clochettes devant leurs maisons par des sonnettes électriques. Mais, au fond d’une ruelle, un vieil homme a gardé sa clochette, qui sonne quand les gens ouvrent son portail, ce qui lui permet de se préparer à leur venue (genre cacher des preuves compromettantes, très important pendant le XXème siècle chinois ^^). Un jour, lorsque sa cloche sonne, il reçoit la visite d’un ami perdu de vue depuis longtemps, d’abord pensant que cet homme a un service à lui demander, le vieil homme reste très froid et distant envers son hôte, alors qu’il s’avère que cette visite n’était que pure courtoisie.

Une Faible Lumière

La dernière nouvelle du recueil, autobiographique cette fois, qui retrace comment Lu Wenfu a commencé à écrire et comment il a atteint le succès à une époque de sa vie, avant de connaitre, comme de nombreux écrivains, la révolution culturelle, le travail forcé et les séances d’autocritique. Un texte vraiment très intéressant si on apprécie Lu Wenfu et qu’on cherche à en connaitre plus sur sa vie.

Voilà pour ce recueil de nouvelles que j’ai énormément apprécié, attention, spoiler alert : vous entendrez de nouveau parler de Lu Wenfu sur ce blog, notamment grâce à l’article sur Le Gastronome que je vous concocte ! Mais pas uniquement. A très bientôt !