Nid d’Hommes – Lu Wenfu

Paru en 1995, le roman de Lu Wenfu Nid d’hommes fait partie de ces romans mettant en scène des personnages subissant les différents événements de la période maoïste.

La particularité de ce roman, par rapport à d’autres traitant de la période est qu’il se déroule en 2 parties, 2 périodes bien distinctes. La première se déroule au début des années 1940, la Chine est encore sous le Guomindang, le régime notionaliste, et un des personnages principaux, Xu Dawei, vient d’hériter d’un grande maison traditionnelle dans la ville de Suzhou (ça, c’est la patte Lu Wenfu, tout se passe toujours à Suzhou). La demeure est divisée en pavillons loués à plusieurs familles, mais, quand l’un d’eux se libère, Xu Dawei, utopiste, à l’idée de se réserver un pavillon pour que des gens (plutôt des érudits pour lui) puissent vivre en communauté. Très vite, par soucis de facilité, ce sont 8 jeunes, 8 camarades de classes, plus la domestiques qu’ils engagent, qui finiront par vivre ensemble. Très vite, les autres habitants de la demeure s’en aperçoivent et certains, jaloux comme des voisins, essayeront de les faire condamner pour communisme (en 1940, être communiste, c’était pas très bien vu).

Dans la deuxième partie, 17 ans plus tard, ce qu’on appelle le « grand bond en avant » arrive. Les jeunes ne sont plus en communauté depuis longtemps, tous les jeunes ont plus ou moins changés et certains ont été condamnés. Pas pour communisme, mais pour diverses raisons. Pour Xu Dawei, c’est parce qu’il est considéré comme un élément droite, donc un opposant politique (ben oui, il est propriétaire, donc de droite, c’est bien connu), et sa propriété est confisquée.

Ce roman n’est pas vraiment une critique de la période maoïste, il se concentre plutôt sur les gens qui, par jalousie, sont prêts à dénoncer à tort d’autres gens, juste pour leur enlever ce que eux n’ont pas réussi à avoir. On a eu la même chose en France avec le régime de Vichy, tout le monde peut dénoncer tout le monde.

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que le récit est raconté par un des 7 autres camarades, pas par Xu Dawei qui est vraiment au centre de toutes les décisions. Son ami est toujours présent lorsqu’il faut décider, mais n’a pas la hargne utopiste de Xu Dawei. On a donc les deux points de vues, celui de l’utopiste et celui du modéré, plus introverti, qui ne dit pas tout haut ce qu’il pense, mais on y accède grâce à la magie de la narration et du point de vue interne. ^^

Le titre de la version française est une traduction littérale du titre chinois 《人之握》. Mais le titre de la version anglaise joue sur un tout autre aspect puisqu’il s’agit de Shelters soit « abris », la maison en communauté devient un abri pour ces jeunes, alors que tout le reste à l’extérieur n’est que dangers et trahison. Je n’ai pas trouvé à quoi ressemblaient les couvertures des versions originale et anglaise, sinon je vous l’aurais mis. (J’aime bien faire ça, oui.)

Je sais qu’une grosse partie de l’article n’était que le résumé du livre, mais ne vous en faites pas si vous voulez le lire, il fait quand même 700 pages, donc il y a de quoi s’amuser. En tout cas, personnellement, je l’ai dévoré.