Mo Yan, le Lieu de la fiction – Yinde Zhang

J’ai abordé deux ou trois fois Mo Yan (Par exemple dans mon article sur La carte au trésor), cet auteur chinois qui a reçu le pris Nobel en 2012. Et bien pour continuer avec cet auteur, je vais vous parler de Yinde Zhang, qui a écrit un gros livre décrivant l’œuvre de celui-ci dans les moindres détails.

Tout d’abord, je vais un peu parler de l’auteur (Yinde Zhang, pas Mo Yan ^^), qui est un des grands sinologues en littérature chinoise et littérature comparée du moment. Actuellement professeur en études chinoises à l’Université de Paris Sorbonne Nouvelle, il a publié ce livre en 2014, et c’est son dernier en date à ma connaissance.

La première information qui apparaît dans le livre de Zhang Yinde (parce que c’en est même le titre) est le lieu dans lequel se déroulent les récits de Mo Yan : le district de Gaomi, dans le Shandong, où est né Mo Yan. Il peut être rattaché pour certains de ses écrits au mouvement littéraire de « Recherche des racines », dont les auteurs écrivent des fictions basées sur les lieux où ils sont nés ou ont vécu, en faisant ressortir la culture spécifique de ces villes ou régions. Outre ce lieu, ces écrits témoignent souvent de la cruauté des hommes et proposent des réflexions éthiques sur l’Humain ou bien émettent des critiques couvertes contre certains aspects politiques de son pays. Voilà pour la première grande partie de ce livre, qui remet l’œuvre intégrale de Mo Yan dans son contexte.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaomi

La deuxième grande partie de ce livre est la présentation de quelques-uns des écrits de Mo Yan. Six de ses livres sont donc ici à l’honneur, pour leur caractère particulier dans l’ensemble de son œuvre : Le Pays de L’alcool, Beaux seins, Belles fesses, Le supplice du Santal, Quarante-et-un coups de canon, La Dure loi du Karma et Grenouilles. Si certains (comme Le supplice du santal, qui suit l’agonie d’un homme torturé à mort de manière à ce que ses souffrances durent le plus longtemps possible), par la description qui en est faite par Yinde Zhang, ne m’ont pas du tout donné envie de découvrir plus que ça l’œuvre de Mo Yan, d’autres m’ont vraiment donné envie de creuser un peu plus sa bibliographie. Parmi ses oeuvres, je me suis noté pour plus tard La dure loi du karma, une fresque familiale vue sous l’angle de vue d’un homme mort et réincarné plusieurs fois sous l’apparence d’animaux appartenant à la famille (Je trouve l’idée excellente ^^), ainsi que Grenouilles, dont l’intrigue se déroule en partie dans le milieu des mères porteuses, comme l’excellent Un Paradis, de Sheng Keyi.

J’ai déjà abordé dans mon article sur La carte au trésor la polémique qui avait secoué le monde (rien que ça ^^) lorsque Mo Yan avait obtenu le prix Nobel de littérature en 2012. Yinde Zhang consacre une partie de sa conclusion et de ses annexes à ce sujet. On remarque dans l’œuvre de Mo Yan de nombreuses choses qui peuvent être considérées comme des attaques contre la politique du parti communiste chinois. Mais pour autant, il est souvent considéré comme étant un soutien du parti par les gens qui s’opposaient à son prix Nobel. Pourquoi ça ? Tout simplement parce que si dans ses écrits il est très virulent contre certains aspects politiques du parti, dans sa vie, il est parfois très ambigu : il ne se prononce jamais en faveur des auteurs ou dissidents opprimés par le gouvernement et ne s’exprime jamais publiquement pour ou contre le parti. Ce qui a fait réagir certains auteurs, comme Ma Jian (Un de ses livres ici). Je vous laisse juger ici, si pour vous Mo Yan est plutôt critiquable pour être pro-PCC ou pas et si son Nobel est mérité malgré tout ou pas, personnellement, je n’en sais rien. ^^

Voilà ! C’est en général un livre très intéressant que celui-ci si l’on est intéressé par l’œuvre de Mo Yan. Personnellement, je pense que je n’ai pas lu beaucoup des livres de Mo Yan avant celui-ci, et c’est sur que c’est un bon moyen d’avoir une idée globale de son œuvre sans avoir à lire tous les livres de sa bibliographie que de lire ce Mo Yan, le lieu de la fiction de Yinde Zhang. Seul gros inconvénient pour moi : le niveau de langue qui est très élevé, et parfois difficilement compréhensible.