La Carte au Trésor – Mo Yan

En 2004 sortait en France La Carte au trésor, de Mo Yan, auteur qui sera récompensé du prix Nobel de littérature en 2012. La Carte au trésor est tout simplement l’histoire d’un homme, Make, qui croise un de ses anciens camarades de classes. Et celui-ci se met à parler, parler, parler… La centaine de pages que constituent ce livre sont en très grande majorité son monologue ou il raconte sa vie, ses problèmes et tout ce qui lui passe par la tête ! Alors, on aime ou on aime pas ce style, un discours de 100 pages, ça peut lasser, mais personnellement, j’ai adoré. ^^

Fans de descriptions, s’abstenir ! On a là un nombre de descriptions proche d’une pièce de théâtre sans didascalies, ce qui donne un rythme unique à ce livre. Uniquement du dialogue, tout ça par un seul personnage, même s’il parle à un autre, ce dernier est tellement effacé et distant envers son ancien ami, qu’on peut avoir l’impression que ce personnage se parle plus à lui–même qu’à Make.

J’ai acheté ce livre sans aucune idée dans ce quoi je m’engageais, premier livre de Mo Yan que je lis, et je suis tombé dans une lecture drôle, intéressante, surprenante… Même si je suis (très) rarement déçu avec les éditions Picquier, ce livre là est encore un peu au dessus de ce que je connaissais chez eux.

Une petite note sur l’auteur (parce que c’est intéressant, si si.). Son vrai nom est Guan Moye, son nom de plume est donc une déformation de son prénom pour donner Mo Yan (莫言) qui signifie en Chinois classique « Ne pas parler » ou « pas un mot ». Concernant son prix Nobel en 2012, ce choix a été vivement contesté en raison du soutien de Mo Yan envers le gouvernement chinois (supposé, il ne prend juste pas position contre). J’imagine que le jury du prix Nobel n’a pas vraiment à juger des opinions politiques des auteurs qu’il prime, même s’il s’agit d’un soutien à un gouvernement aussi ambigu que celui de RPC. Pour ce qui est de son courant littéraire, il appartient au courant dit de la « quête des racines », mouvement qui réunit des écrivains des ethnies minoritaires de Chine (Non Han), qui vont écrire à propos de leurs origines, ou bien des Han (C’est le cas de Mo Yan) qui parlent de leur province ou ville natale, ou juste des récit ayant ce cadre là.

Je vais conclure avant de parler encore plus de l’auteur que du livre, mais vous l’aurez compris, je recommande chaudement ce livre. Pour avoir réessayé Mo Yan avec d’autres de ses livres, je dois vous prévenir que ce n’est pas toujours aussi bon, mais celui-ci est vraiment à découvrir, si vous n’avez pas peur des monologues. ^^