Une minorité modèle – Ya-han Chuang

Des livres sur la Chine, j’en ai lu beaucoup. Des livres sur la diaspora chinoise aux États-Unis, j’en ai quelques-uns qui me viennent en tête (Comme Les hommes de Chine, de Maxine Hong Kingston, ou Ombres chinoises de Lisa See). Mais je crois que c’est le premier livre sur la diaspora chinoise en France que je lis !

Ce livre aborde dans un premier temps les différentes vagues d’immigration entre la Chine et la France pendant le XXème siècle, et explique comment la communauté chinoise à Paris s’est formée autour de plusieurs quartiers emblématiques. Dans un deuxième temps, on voit comment l’image de la « Minorité modèle » s’est collé à la communauté chinoise en opposition aux autres minorités de France. Et dans un troisième temps, ce livre aborde comment cette communauté a pris conscience du racisme dont elle est la victime, malgré le fait que leur communauté ait une image « positive ».

Ce livre est le résultat d’années de recherches, et regroupe de nombreux témoignages d’expatriés chinois ou de français d’origine chinoise sur leur vie en France ou leur choix (et sous non-choix) de venir en France. Ce livre est donc conçu comme une succession de témoignages, d’histoires individuelles, que l’autrice recoupe avec l’histoire globale de ces immigrés ou descendant d’immigrés. Ce procédé donne à ce livre un coté extrêmement facile à lire pour un essai : on ne lit pas les listes de chiffres statistiques ou un livre d’Histoire, mais bien un condensé de chemins individuels. C’est donc une lecture bien agréable de ce coté là !

J’ai beaucoup aimé la lecture de ce livre, mais en particulier les deux derniers chapitres, puisqu’ils abordent plus précisément le racisme dont sont victimes les personnes d’origine asiatique, qu’ils soient chinois ou non. En effet, on apprend que les personnes non-chinoises mais d’origine asiatique, sont très souvent assimilées à des personnes chinoises et subissent donc les mêmes racismes. D’autre part, on apprend que si la communauté chinoise a une image d’une communauté bien intégrée et travailleuse, cela conduit à des formes de racismes tout aussi insidieuses (comme par exemple plus d’agressions, car les chinois de France sont considéré comme étant plus riches, et donc ayant plus d’argent sur eux). J’ai particulièrement aimé la thèse de l’autrice : le racisme, ce n’est pas de voir une autre communauté négativement, c’est d’en voir l’altérité et d’en faire des généralités. Enfin j’ai particulièrement aimé le chapitre sur les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur le racisme !

En bref, un vrai coup de cœur, une lecture que je recommande chaudement !