Bonsoir, la rose – Chi Zijian

Voilà un livre pour lequel j’avais des attentes, et pas des moindres : j’avais déjà lu A la cime des montagnes, de cette même autrice, et je peux dire que je l’avais bien préféré à celui-ci. Attention avant tout : TW : Viol, violence physique, suicide, meurtre, zoophilie. Le ton est donné, non ? ^^

Bonsoir la rose est l’histoire de Zhao Xiao’e, vivant à Harbin, dans le Heilongjiang (province du nord-est de la Chine, anciennement : la Mandchourie). Elle travaille mais ne gagne pas suffisamment pour louer ou acheter un logement, donc elle enchaine les chambres chez l’habitant. Après avoir perdu son logement, elle rencontre Léna, vieille dame juive et célibataire endurcie, dont les parents ont quitté la Russie après la révolution d’octobre. Ces deux femmes se retrouvent être opposées sur bien des points et notamment sur le thème de l’amour. Mais le thème principal, selon moi, (et ce dont je vais le plus parler) est celui des conséquences du viol.

En effet, Zhao Xiao’e est une femme engendrée d’un viol et sa mère et elle ont souffert des conséquences : sa mère, constamment humiliée et frappée par le père pour l’avoir trompé (???), et elle-même, pour être un enfant illégitime. Les deux doivent en plus vivre avec le regard des habitants du village.

Je m’attendais à une lecture poétique, sympathique avec un nom comme ça, mais connaissant Chi Zijian, je m’attendais à ce qu’il y ait aussi un peu de violence, modérément, et ça ne me faisait pas peur plus que ça. De plus, le thème du viol était déjà abordé dans A la cime des montagnes, donc ça ne me surprend pas plus que ça de le retrouver ici… Mais là, c’est pire que dans le premier, parce que le viol est très peu condamné !

Pour ce qui est de tout ça, je vais un peu spoiler : Vers la fin du roman, Zhao Xiao’e retrouve son père biologique, le violeur, et décide de l’assassiner. Celui-ci, se rendant compte du mal qu’il a fait, se suicide. S’ensuit des discussions sorties d’on ne sait où sur le fait que c’est lui son père, qu’elle a eu tort de lui en vouloir, que c’est mal ce qu’elle a fait… Tout est fait pour le pardonner lui, le violeur, et jamais aucun personnage ne condamne ce qu’il a fait. Même Zhao Xiao’e finit par s’en vouloir, et pardonne son père biologique pour ce qu’il a fait à sa mère. Avant de mourir, son père lui explique la raison (tout aussi perchée que le reste) pour laquelle il a violé sa mère : c’était elle, ou bien les chèvres de la ferme où il a travaillé toute sa vie. (Désolé, c’est pas moi, c’est Chi Zijian) Et c’est ça, sa raison. Et ça suffirait pour l’excuser ? Fin du spoiler

Bon, autre chose à traiter quand même : le copain de Zhao Xiao’e est une ordure. Il la trompe, il la frappe, il la malmène, il y a même un moment où il la fait suivre (ou il la suit lui-même, on n’a pas la confirmation) dans la rue… Et ça non plus n’est pas condamné…

J’ai beaucoup été scandalisé durant ma lecture par le manque de recul et la non-condamnation des événements graves qui se produisent, ainsi que par la culpabilisation des victimes. Donc c’est un gros non pour moi, et je suis d’autant plus déçu que j’apprécie le style de l’autrice et que j’avais des attentes.