Ilo Ilo – Anthony Chen

Ce n’est pas la première fois que je parle d’une œuvre singapourienne sur le blog, même si la première fois, ça n’a pas vraiment été concluant. ^^ Cette fois, en revanche, ça m’a quand même un peu plus parlé !

Ilo Ilo raconte l’histoire d’une famille singapourienne dans les années 1990. Les parents travaillent tous les deux et l’enfant cause des problèmes à l’école et à la maison. Afin de les aider dans leur quotidien et à s’occuper de leur enfant, les parents embauchent une femme de ménage et nourrice philippine nommée Teresa. Le film est assez centré sur la relation entre Teresa et l’enfant, sur son début un peu mouvementé et comment ils réussissent à s’apprivoiser l’un l’autre. L’enfant étant un peu dur avec tout le monde, sauf petit à petit avec sa nourrice, la mère va commencer à en concevoir une certaine jalousie, avec le sentiment d’être petit à petit remplacée par la nourrice qu’elle a embauchée.

Alors, au vu du titre, je me suis posé la question de son sens, forcément. Parce qu’on ne peut pas dire que « Ilo ilo » donne énormément d’informations sur ce qui va se passer dans le film. ^^ Du coup, il s’avère que Ilo ilo est le nom d’une province des Philippines, et plus que ça, c’est le nom de la province d’où était originaire la nourrice du réalisateur Anthony Chen quand il était petit, dans les années 1990. Je ne sais pas si le réalisateur a vraiment voulu mettre une part d’autobiographie dans ce film, mais dans tous les cas, il y a au moins quelques ressemblances. Ce qui me rend un peu plus perplexe est que Ilo Ilo est le titre du film dans la plupart des langues, sauf en version originale ! Le titre VO est « 爸妈不在家 », ce qui signifie « Papa et maman ne sont pas à la maison », en référence aux deux parents absents pour leur enfant dans le film et qui noue donc une relation bien plus forte avec sa nourrice qu’avec ses parents.

Comme dans beaucoup de films multiculturels, j’ai bien aimé l’usage de nombreuses langues. Ici, la famille parle en mandarin, mais à l’arrivée de Teresa, les parents commencent à parler en anglais à la nourrice, qui elle-même parle philippin à quelques moments dans le film. J’ai tendance à bien aimer cette diversité dans les films !

Ce que j’ai particulièrement apprécié est le fait qu’il montre la situation des populations pauvres des Philippines, avec leur espoir de richesse en émigrant dans les pays plus riche d’Asie. La situation présentée à Singapour est d’ailleurs exactement la même avec les femmes (on va pas se mentir, c’est essentiellement des femmes) philippines à Hong-Kong actuellement. Elles se retrouvent dans les mêmes catégories socio-professionnelles que dans le film : nourrices, femmes de ménages, coiffeuses… Le visionnage de ce film m’a vraiment rappelé cette situation, très similaire entre Hong-Kong et Singapour.

Mais avec tout ça, je n’ai pas dit ce que je pensais vraiment du film. Il y a des points que j’ai vraiment aimés, comme le fait d’aborder la détresse des femmes des Philippines qui doivent abandonner leur pays pour trouver des petits boulots pour nourrir leur famille restée au pays. C’est un vrai sujet de société, mais qui fait très peu parler de lui malheureusement. Mais il y a quand même beaucoup de points négatifs dont je souhaitais parler. Tout d’abord, on voit dans le film que l’enfant est un véritable génie des statistiques : il prend en note tous les résultats des jeux de hasard, et en déduit les numéros gagnants pour les prochains tirages mais cette piste ne sert pas. Les parents ne s’en aperçoivent jamais, et cela a peu de répercussion sur le film. De même, j’ai eu l’impression que pas mal de pistes lancées comme ça s’arrêtent un peu dans le vide, de manière décevante. Parce que c’est un film pleins de promesses, mais beaucoup ne sont malheureusement pas tenues.

Du coup, avis un peu mitigé, ce qui est développé est très bon, mais beaucoup de choses restent embryonnaires, et j’ai eu l’impression que ce film aurait soit mérité d’être 20 minutes plus courts pour enlever les pistes qui ne mènent nulle part, soit 20 minutes plus long, le temps de développer un minimum les pistes lancées.