Le corsage rouge – Tie Ning, Lu Wenfu

J’ai acheté ce livre à la base car il contient une traduction du Gastronome de Lu Wenfu. J’ai déjà beaucoup parlé du Gastronome et de Lu Wenfu, donc je ne ferais qu’un court point des spécificités de cette traduction, et je parlerais en priorité de l’autre nouvelle de ce recueil : Le corsage Rouge de Tie Ning.

Comme vous l’aurez compris. Ce livre est un recueil de deux nouvelles « choisies parmi les meilleures de ces dernières années [édité en 1990, je précise] », et, d’après la quatrième de couverture, ces deux nouvelles ont été choisies afin de donner « une idée générale de l’esprit créateur des écrivains contemporains chinois ». C’est en effet le seul rapport entre ces deux œuvres, elles ont été écrites dans la même période. En dehors de ça, le style, les thèmes abordés etc. Tout est différent.

Le corsage Rouge, histoire d’une écolière aujourd’hui – Tie Ning

La première des nouvelles de ce recueil est Le Corsage Rouge, dont la vocation est de montrer les aspirations de la jeunesse en Chine à la fin des années 1980. En effet, cette période en Chine est marquée par une grande modernisation et un enrichissement du pays grâce à la politique de « réformes et ouverture » orchestrée par Deng Xiaoping, alors au pouvoir. Certaines familles s’enrichissent donc, et les jeunes voient qu’ils peuvent avoir accès à plus de choses que leurs parents : des vêtements plus variés, une vie plus libre et plus confortable (bon en vrai, la fin des années 1980, c’est aussi le massacre de Tiananmen…). Les envies de cette jeunesse se retrouvent souvent confrontées dans le livre à la vision qu’on les générations précédentes, qui peuvent interdire la narratrice de fréquenter tel ou tel garçon dans ce roman. Dans l’ensemble, je pense que c’est cette opposition entre la jeunesse et les autres générations que l’auteur a voulu mettre en avant, mais à la lecture, il m’a juste semblé qu’on me racontait une histoire banale, sans grand intérêt. Je pense que si vous voulez en savoir plus sur les conditions des étudiants en Chine sur cette période, le Journal de Ma Yan sera beaucoup plus complet et intéressant que cette longue nouvelle.

Le Gastronome – Lu Wenfu

Pour ce qui est du Gastronome, il a déjà un article qui lui est dédié, mais ce recueil contient une autre traduction, donc je l’ai également lu, afin de comparer un petit peu. Par rapport à la traduction de Annie Curien et Feng Chen, celle-ci est anonyme (Je sais pas pourquoi, mais ça me semblait important de le préciser ^^). Dans l’ensemble, c’est une bonne traduction, certaines expressions sont traduites de manières assez littérales, mais chaque terme pouvant poser problème est expliqué en note de bas de page, là où l’édition Picquier à pu choisir de l’expliquer directement dans le corps du texte. En soit, les deux éditions se valent, mais les choix de traduction sont intéressants à repérer. Cette édition choisit de traduire au plus près du sens et du style, ce qui peut donner une impression parfois bizarre en français, alors que le texte chez Picquier est irréprochable au niveau du français, en modifiant parfois la construction des phrases, ce qui change un peu le style de l’auteur, mais est beaucoup plus agréable à lire.

En Conclusion, je dirais que si vous tombez dessus au hasard, ce recueil peut valoir le coup (surtout pour le Gastronome en fait ^^), mais en dehors de ça, Le corsage rouge n’est pas un incontournable de la littérature chinoise à mon sens, et avant cette nouvelle, je n’avais pas du tout entendu parler de Tie Ning.