Mémoires d’une fleur – Jacques Pimpaneau

Voici un livre qui aurait pu être beau. En tout cas, j’ai tout de suite trouvé la couverture sympa ! ^^ Mais j’ai malheureusement très vite déchanté lors de la lecture.

[TW : Viol et prostitution.] Mémoires d’une fleur est l’histoire de Saxifrage, une nonne qui se reconvertira par la suite en tant que courtisane. Au vu du titre, on pourrait penser que ce livre peut se rapprocher des autres livres édités chez Picquier avec un titre de cette forme, tels Mémoires d’un moine aventurier tibétain ou Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite de Dan Shi, tous deux récits autobiographiques.

Pour ce livre là, Jacques Pimpaneau montre la volonté de rester ambigu : il dit dans l’introduction que ce livre est vraiment une autobiographie, dont il aurait trouvé le manuscrit et qu’il aurait traduit. Il se dit dans l’incompréhension devant le choix de l’éditeur de mettre son nom à lui comme auteur, au lieu de celui de Saxifrage. De plus, il maintient cette ambigüité dans la postface également, où il ne confirme pas qu’il est l’auteur, ni qu’il en est le traducteur.

Du coup, on se retrouve pour moi face à un problème déjà, parce que quel que soit le choix, il y a des choses qui me chiffonnent. Dans le cas ou Saxifrage serait l’autrice, on serait face à un éditeur qui invisibiliserait l’autrice d’un livre face à son traducteur. Ou sinon, le plus probable selon moi, est de vouloir faire passer une fiction pour un document authentique, ce qui est également problématique.

De plus, je pense que je comprends l’objectif de Pimpaneau, si jamais c’est bien lui l’auteur : celui de vouloir créer une figure féminine forte, sauf que ça me dérange un peu qu’un homme crée un personnage féminin, soi-disant authentique, selon ses critères de ce que serait son idéal féminin selon lui (comme insinué dans la postface). Parce que son idéal féminin serait dans ce cas une prostituée cultivée qui apprécie quand elle se fait violer (j’ai abandonné ma lecture à ce moment là, pour la reprendre bien plus tard, lorsque je me suis motivé à lire la fin de ce livre). Le truc, c’est que cette histoire de viol que le personnage finit par aimer arrive par deux fois dans le livre : la première lui donne sa vocation de courtisane, et la dernière, à dix pages de la fin, Saxifrage n’a pas envie, mais n’ose pas dire non à quelqu’un qui vient de lui rendre un service.

Bref, gros flop pour moi, et au delà de ça : très problématique selon moi. Que ce soit sur le fond ou sur la forme malheureusement. Ça n’enlève pas le positif : Jacques Pimpaneau est un très bon chercheur, et dans le cas où il est l’auteur, il place de nombreuses références à la Chine de l’époque et ça reste probablement très bien documenté et immersif. Mais clairement pas une lecture que je recommande.