David Crook, Souvenirs d’un révolution -Julian Voloj, Henrik Rehr

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’une œuvre qui n’est pas écrite par un chinois, ni une personne d’origine chinoise et dont le personnage principal n’est pas chinois non plus. Cette fois, je vais vous parler d’un roman graphique concernant David Crook, un anglais juif athée et communiste (comme il se définit lui-même plus d’une fois dans le livre) expatrié en Chine.

Attention, on parle ici d’une histoire vraie, on a ici la biographie de David Crook, établie en partie grâce à la famille de celui-ci. Donc, qui est David Crook ? Et bien selon la préface du livre c’est « l’un des étranger les plus influent de la Chine communiste », professeur d’anglais en Chine, puis accusé d’espionnage sous la révolution culturelle, cet homme, après un emprisonnement de plusieurs années, a décidé de rester habiter en Chine, malgré tout ce qu’il a subit, pour vivre sur ces terres, qui sont pour lui sa patrie.

David Crook, dans les derniers temps de son emprisonnement

L’histoire est racontée de manière non chronologique : les époques se mélangent. La première page se situe en 1973, après sa libération, puis très vite, le récit fait un bon de six ans en avant, avant son incarcération, et l’histoire continue comme ça. Dit comme ça, on dirait que ça rendrait l’histoire très difficile à suivre, mais pas du tout ! Les flashbacks sont très bien organisés. La plupart du temps, ces sauts dans les époques s’expliquent par des flashbacks montrant ce que David Crook répond aux officiers l’interrogeant, alors que ceux-ci essayent d’établir sa culpabilité. Donc on a plusieurs trames qui s’entremêlent, mais ça ne m’a à aucun moment posé problème.

Pour ce qui est du traitement de l’image, je dois avouer que je suis agréablement surpris. Je ne sais absolument pas pourquoi, mais je n’avais pas du tout regardé les graphismes avant de commencer et j’avais un peu peur du résultat. Par contre, j’ai quasiment été convaincu dès les premières pages. Bon, je pourrais pointer quelques défauts, tel la représentation des personnages enfants qui semblent juste être des adultes, mais plus petits, ou bien certains scènes qui semblent assez figées, mais c’est bien les seuls défauts que j’ai pu trouver. Pour tout le reste, j’ai vraiment beaucoup aimé les graphismes. Les personnages sont bien réussis (à part certains enfants), et si on trouve peu de dessins de paysages, le peu qui apparait est vraiment bien réussi aussi.

Niveau éditorial, Urban China nous prouve encore que c’est une maison de qualité pour tout ce qui est Manhua ou roman graphique concernant la Chine. Cet ouvrage est un beau roman graphique, cartonné et c’est une belle trouvaille pour moi. Outre le travail de Julian Voloj et Henrik Rehr, respectivement scénariste et dessinateur de David Crook, on a accès au début et à la fin de l’ouvrage à pas mal d’annexes : photographies de David Crook et de sa famille, préface, chronologie etc… Qui rend l’ouvrage plus accessible, même si on n’est pas un grand fan de la Chine.

Vous l’aurez compris, en grande majorité, j’ai énormément apprécié cet ouvrage. J’aurais cependant une petite critique, qui est que dans la préface écrite par le scénariste, on nous annonce que le personnage de David Crook était  » l’un des étranger les plus influent de la Chine communiste », mais cet aspect là n’est absolument pas développé. On a dans cet ouvrage beaucoup d’élément de la vie de David Crook, mais quelle a été son influence sur la Chine Communiste ? On ne le saura pas dans cette œuvre, qui en montre déjà beaucoup, certes, mais pas vraiment sur cet aspect.

En bref, malgré quelques petites critiques, j’ai quand même été porté par le récit, et c’est une œuvre que je pourrais recommander avec plaisir aux amateurs de romans graphiques. Un bel ouvrage et une belle réussite pour moi.