Impression de montagne et d’eau et autres histoires – Te Wei, Zhou Keqin, Ah Da, Hu Jinqing
Si on parle d’animés, on pense forcément à l’animation japonaise ou aux films d’animations à l’occidentale. Mais aujourd’hui je vais vous présenter sept courts-métrages d’animations chinois, publiés en DVD sous le nom Impression de montagne et d’eau et autres histoires. Comme vous allez le voir, ces courts-métrages sont très éloignés des techniques de dessins des mangas ou des dessins-animés Européens et Américains.
La Mante Religieuse – Hu Jinqing
Le premier de ces courts-métrages, La mante religieuse réalisé par Hu Jinqing, date de 1988. Tous les décors de ce court-métrage ont été peints en utilisant des techniques de lavis, et les éléments mobiles (les personnages) ont été créés en lavis découpé : c’est la même technique de peinture que les décors, mais les différentes parties des personnages sont dissociés afin de pouvoir les rendre mobiles, sans avoir à redessiner les décors pour chaque image du court-métrage. Cette technique est sûrement pratique au moment de la création du court-métrage, mais rend les décors très immobiles.
Concernant l’histoire, il s’agit d’une adaptation d’une légende : la mante-religieuse essaye de chasser un grillon, pendant qu’un oiseau observe la scène en attendant son moment pour attaquer la mante religieuse. Un peu fable animalière à La Fontaine, ce film est totalement muet, les seuls son apparaissant étant la musique de style traditionnel chinois et les bruits du grillon et de l’oiseau.
Clairement pas mon préféré des 7 à cause des décors figés, mais tout de même fort sympathique. ^^
L’épouvantail – Hu Jinqing
Même réalisateur que La mante religieuse, mais datant de 1985, et un style totalement différent. On n’est plus du tout sur du lavis, mais sur des technique de peinture sur soie, de style un peu Huaniao (style utilisé pour la peinture de fleurs ou d’oiseaux). Je trouve le style très intéressant et beaucoup plus beau que celui du premier. Toujours adapté d’une légende et toujours ressemblant à certaines fables de la fontaine, ce court*métrage met en scène un pêcheur, essayant d’attraper deux oiseaux qui mangent tout le poisson de la rivière où pêche le pêcheur. Comme pour le précédent, on est encore sur de la fable, avec une morale, implicite, mais quand même. ^^
Les singes qui veulent attraper la lune – Zhou Keqin
Ce troisième court-métrage est d’un autre réalisateur, Zhou Keqin, et date de 1981. Le style de dessin est encore très différent des deux précédents. Pour les personnages, on n’est plus sur du papier découpé, mais sur du papier déchiré, ce qui donne une impression de fluffy aux singes en plus de pouvoir les articuler exactement comme pour le papier découpé. Pour le décor, on est sur du papier découpé en ombres chinoises. Le plus flagrant dans ce court-métrage est l’utilisation d’une musique occidentale au Mickeymousing constant, qui donne une très bonne ambiance.
Pour le scénario, il est on ne peut plus simple : il suffit de lire le titre du court-métrage ; mais le style et la musique fait de ce court-métrage est un de mes préférés de ces sept.
Impression de montagne et d’eau – Te Wei
Nous arrivons au court métrage qui donne son nom au DVD, Impression de montagne et d’eau qui date de 1988. Ici, plus du tout de papier découpé ou déchiré, chaque image est peinte individuellement. L’histoire de ce court-métrage est très poétique, elle met en scène un jeune batelier, et un musicien. Après avoir traversé la rivière avec l’aide du batelier, l’homme tombe dans les pommes en reprenant sa route. Le jeune batelier lui vient alors en aide et l’héberge le temps que l’homme aille mieux. Pour le remercier, le musicien lui apprend à jouer du Guqin, instrument à corde que l’homme transportait avec lui. On revient sur de la belle musique traditionnelle chinoise, et sur des dessins dans le pur style shanshui (Littéralement « montagne et eau », le style de peinture de paysage chinois.) Très très beau moment que le visionnage de ce court-métrage, quee j’ai vraiment énormément aimé ! ^^
L’aigrette et l’huître – Hu Jinqing
On retourne sur Hu Jinqing et son style de lavis découpé avec un court métrage de 1983. Il adapte ici une nouvelle fois une ancienne légende. Le scénario est un peu similaire à celui de La mante religieuse. On remplace la mante religieuse par une aigrette, le criquet par une huitre et l’oiseau par un pêcheur, et le tour est joué. Étonnamment, bien qu’il est été réalisé 5 ans plus tôt, je le trouve beaucoup plus beau graphiquement que La mante religieuse, les personnages sont moins rigides, et ont des mouvements plus naturels. Comme toujours avec ce réalisateur, on a un petit style fable de La Fontaine, avec la morale (implicite toujours, qui va bien)
Les têtards à la recherche de leur maman – Te Wei
Retour sur Te wei, avec Les têtards à la recherche de leur maman. Et celui-là, bien qu’il soit bien joli au niveau des graphismes, a un gros défaut : c’est le seul court-métrage de ce recueil qui ne soit pas muet. Les images sont accompagnées de la voix d’une narratrice très dans le rôle, surtout lorsqu’il s’agit d’imiter le croassement de la grenouille (et en VF en plus). Du coup, au milieu de tous les autres films très contemplatifs et tout en musique, celui-là fait un peu tâche dans le décors.
Les trois moines – Ah Da
Enfin, le dernier de ces courts-métrages, réalisé par Ah Da date de 1980 et change totalement de style. On n’est plus du tout sur du poétique contemplatif, mais plutôt sur un court-métrage humoristique, dans un style de dessin plus occidental, à la gouache. Ce film part de la phrase : « Un moine porte deux seaux d’eau, deux moines portent un seau d’eau… et trois moines? » S’en suit l’histoire de ces moines dans un temple en haut d’une montagne qui doivent descendre en bas de la montagne pour chercher de l’eau.
Voilà pour la présentation de ces sept courts-métrages! J’espère que cet article vous donne une petite idée de ce qu’il existe en matière d’animation asiatique hors manga et qu’il vous donnera envie de découvrir quelques films d’animations chinois. En tout cas, je vous recommande chaudement de visionner ces quelques films si vous avez l’occasion !