L’écriture poétique chinoise – François Cheng

Aujourd’hui, on va parler d’un auteur français d’origine chinoise : le premier français d’origine chinoise à entrer à l’Académie Française (seul et unique à l’heure actuelle ^^) : François Cheng. Sinologue, auteur et calligraphe, il a publié des romans comme des traités sur la peinture ou la poésie chinoise.
Son livre sur l’écriture poétique chinoise est très réputé dans le milieu de la sinologie, et permet d’acquérir certaines bases d’analyse et de traduction de la poésie chinoise. (Et ça c’est cool ! ^^ (Siii))

La poésie a pendant longtemps été un art majeur en Chine, au coté de la peinture et de la calligraphie. Mais si on peut apprécier facilement une œuvre picturale chinoise en France, les poèmes quant à eux doivent passer à un moment par la moulinette d’un traducteur si on veut qu’un grand nombre de personnes les comprennent. Dans ce livre, François Cheng explique en gros trois choses : Comment les poèmes chinois sont construits (Les formes les plus classiques et les règles immuables), comment on peut analyser ces poèmes (en VF et VO) et enfin, comment il traduit les poèmes chinois en essayant de perdre le moins de sens possible. Et enfin, ces parties développées sur les poèmes sont suivies par quelques exemples de poèmes de la dynastie des Tang (Dynastie très réputée pour ses poètes, et qui compte parmi les très célèbres Li Bai et Du Fu, réputés pour leurs poèmes et leurs moustaches).

Pour ce qui est de l’analyse des poèmes chinois, on pourrait penser que c’est exactement la même chose que pour un poème français, mais il y a un aspect en plus : l’analyse de la graphie et des caractères. L’écriture du chinois est très particulière et la poésie n’est pas uniquement destinée à être entendue ; elle doit également avoir une cohérence graphique afin d’être plaisante non seulement pour les oreilles, mais aussi pour les yeux, sous forme d’une calligraphie. Certains caractères, nommés idéophonogrammes (Et oui, tous les caractères chinois ne sont pas des pictogrammes ^^), sont fréquemment utilisés car ils possèdent des clefs graphiques particulières, pouvant être présentes dans plusieurs mots d’un même thème. (Un exemple pour ceux qui sont perdus : la clef graphique de l’arbre 木 peut être présent dans plusieurs mots se rapportant aux arbres ou a la nature comme dans les mots 梅 la prune, 树 l’arbre, 森林 la forêt etc…) En VO, il est donc intéressant de voir si l’auteur du poème a voulu insérer une cohérence graphique, qui est forcément totalement perdue au cours de la traduction.

François Cheng nous livre aussi sa méthode de traduction qui est efficace et.. facilement reproductible. ( C’est celle que j’ai pu employer pour me la péter en traduisant des poèmes et ainsi draguer ma copine) ^^ En effet, un principe de base de la traduction des poèmes en chinois classique est… le mot à mot (révolutionnaire, non ? ^^). Le chinois classique est en effet composé de mots quasi-exclusivement monosyllabiques, et donc composés d’un seuls caractères. Il suffit donc de comprendre chaque mots et de savoir dans quel sens les placer, et on a une phrase toute prête. (Je caricature, mais le mot à mot fonctionne assez souvent ^^).

Citation de Guo Xi : Un poème est une peinture invisible. Une peinture est un poème visible. (Calligraphié par mes soins, ça vaut ce que ça vaut. ^^ )

Je vous ai dit ici quelques points importants du livre, mais ce n’est bien sûr qu’un résumé, si la poésie chinoise vous intéresse, je pense que voilà l’ouvrage qu’il vous faut ! (le seul, l’unique (en même temps, il y en a peu) ^^)