Le goût sucré des pastèques volées – Sheng Keyi

J’avais vraiment adoré le livre Un paradis, de Sheng Keyi. C’est un livre dont je garde encore un très bon souvenir. Et là, j’ai vu récemment que les éditions Picquier avaient sorti un autre livre de cette autrice au début du mois ! Je n’aurais manqué ça pour rien au monde ! ^^

Le goût sucré des pastèques volées est un récit construit autour de la nostalgie du pays natal de l’autrice, sous la forme de mini-nouvelles de deux ou trois pages, abordant chacune une petite anecdote de la vie de Sheng Keyi ! C’est très contemplatif, très nostalgique. Le titre original de ce recueil est d’ailleurs《怀乡书》qu’on peut traduire par « Le livre du mal du pays ». Le goût sucré des pastèques volées est pour sa part tiré d’un titre d’une des nouvelles. Ce livre se veut donc volontairement dans une ambiance très lente et contemplative et, en ce sens, c’est vraiment réussi !

On se retrouve bien dans la tradition littéraire chinoise de « littérature de recherche des racines », qui se concentre sur les traditions et coutumes des régions d’origines des auteurs, et ici, Sheng Keyi nous parle beaucoup des coutumes de son village et de sa région natale du Hunan !

Le pendant un peu négatif de cette beauté dans l’écriture nostalgique, c’est que l’autrice tombe de temps en temps dans le « c’était mieux avant » que j’ai trouvé parfois excessif. Ce livre est une ode à la vie à la campagne, qui est vraiment bien réussie sur ce point là, malgré le manque d’objectivité sur certains problèmes que vivent les populations rurales par moments. Elle cite des problèmes que ces gens vivent, mais ces mêmes problèmes sont montrés de manière plutôt positives dans d’autres chapitres. En réalité, le livre m’a paru être écrit dans un « flot de pensée » : les différentes mini-nouvelles semblent avoir été écrites indépendamment les unes des autres, quand une idée passaient par la tête de l’autrice, et ces histoires semblent ensuite été regroupées dans ce recueil.

Dans Un Paradis, le style était très simple, puisque le personnage principal est censé avoir un retard mental et n’interprète pas vraiment ce qui se passe autour d’elle. Ici, le style est un peu le même, puisqu’on a le point de vue d’un enfant. Le style des deux livres se ressemblent, même si le texte laisse beaucoup plus de place à la réflexion de la Sheng Keyi « adulte ».

On ne peut pas parler de Sheng Keyi sans parler des illustrations ! Son livre est parsemé de nombreuses illustrations, presque une par chapitre. Et c’est elle-même qui dessine chacun de ces dessins. Le style est légèrement enfantin, et très beau. On sent parfois l’influence de la peinture traditionnelle dans certains dessins de paysages et j’apprécie particulièrement ça !

En conclusion, je dois dire que j’ai beaucoup aimé ce livre, je me suis vraiment laissé porter par les différentes petites histoires. Il faut dire que je suis très sensible au style de Sheng Keyi et aux livres contemplatifs en général. Merci aux éditions Picquier pour la découverte de ce très bon livre !