Contes merveilleux chinois – Pu Songling et autres

J’ai tendance à beaucoup aimer les contes chinois ! Souvent fantastiques et très fournis en créatures et dieux des mythologies bouddhistes et taoïstes, ils représentent souvent un pan de la culture chinoise vraiment sous-représenté et trouvables quasiment uniquement dans les contes. Mais avec ce recueil, il s’est passé quelque chose d’assez étonnant : sur quatorze contes, j’ai eu l’impression de lire presque une dizaine de fois le même. ^^

Dans ces contes, comme dans la plupart des contes chinois, on trouve un grand nombre de références aux créatures mythologiques de Chine : Des nymphes-fleurs aux spectres, en passant par tout type de démons et d’hommes-singes. Souvent pointés sur ces créatures, les contes sont très intéressants sur ce point, puisqu’ils mettent en scène des situations où les hommes doivent se confronter à ces créatures. Bon, il s’avère que pour la plupart de ces contes, le scénario reste pratiquement le même, seule la créature change. Voilà en gros le scénario de base des premiers contes du recueil : Un homme croise par hasard une femme d’une beauté exceptionnelle et fait tout pour se l’approprier. Il s’avère plus tard que cette femme est (Une nymphe-fleur/un démon/un spectre/un esprit-renard/Autre créature [rayer les mentions inutiles]). Mais l’homme, fou d’amour, fait tout pour garder cette femme près de lui. Pour le protéger, la femme l’abandonne et il ou elle meurt de chagrin. Mais l’amour étant même plus fort que la mort, le malheureux défunt ressuscite et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. FIN. Le pire là-dedans, c’est que je ne caricature même pas… ^^ C’est en tout cas ça pour les premiers deux tiers du recueil, les 3-4 derniers contes sont beaucoup plus prenants et originaux. Enfin, bon, l’intégralité des contes peuvent heurter nos principes d’occidentaux modernes, car la présence du bon vieux patriarcat chinois se fait énormément sentir et les protagonistes masculins qui tombent amoureux de jeunes demoiselles de 16 ans (parfois moins) sont pour leur part toujours déjà mariés.

En réalité, une autre chose qui m’a beaucoup gêné en lisant ce recueil est la qualité de la traduction. En début de lecture, je n’avais pas vraiment cerné le problème, mais petit à petit, j’ai compris que les phrases pompeuses, et l’ordre des mots peu communs de ces contes était plus à cause de la traduction que de la qualité générale des contes ! Le travail de traduction ressemble plus à du mot à mot qu’à un véritable travail d’adaptation du texte, qui nous est souvent fourni brut.

Ce livre compile 14 contes de 3 dynasties différentes et choisies totalement arbitrairement : 8 de l’époque Qing (XVIIème-XXème siècle), 4 des Song (Xème-XIIIème siècle) et 2 des Tang (VIIème-Xème siècle). Apparemment, les éditeurs de ce livre aiment particulièrement les contes de la dynastie des Qing, et plus particulièrement ceux de Pu Songling, qui a écrit 7 des 8 contes de cette période. Pu Songling est en effet un maître du conte fantastique et plus particulièrement de ceux qui se passent avec une femme-renarde. Le problème ? C’est qu’en fait, les contes que j’ai qualifié de répétitifs sont en grande majorité les siens, et ceux faisant preuve d’originalité, ce sont les autres. ^^

Pu Songling.

Clairement, tout n’est pas à jeter dans ces contes, on y trouve comme prévu le quota de créatures plus ou moins sympathiques requis à tout conte chinois qui se respecte, mais je déplore grandement la conception du livre et le choix spécifique de ces contes. Quitte à prendre une douzaine de contes de dynasties différentes, autant en prendre de styles et auteurs différents, non ?