Les Fils de Princes – Jean-Luc Domenach.

Comment fonctionne le système politique chinois ? Comment le qualifier ? Qui sont les gens actuellement au pouvoir ? Bien que les informations manquent lorsqu’il s’agit de parler du gouvernement de la RPC, Jean-Luc Domenach nous offre un portrait assez complet des dirigeants chinois et de leurs familles. Sorti en 2017, on peut difficilement faire plus actuel sur le sujet.

Ce livre traite des Princes Rouges, les compagnons d’armes de Mao pendant la révolution de 1949, ainsi que de leur descendance. Toutes ces personnes sont depuis les années 40 les détenteurs du pouvoir, tant au niveau du gouvernement et de l’armée que des grandes entreprises du pays. J’ai beaucoup étudié cet essai, donc j’aurais pu faire un article très complet, mais j’ai complètement perdu mes travaux dessus, donc ça va rester plutôt sommaire.

Jean-Luc Domenach utilise une approche chronologique, il débute dans les années 1920, alors que le régime nationaliste est encore au pouvoir et que les communistes sont encore désorganisés. Il suis ensuite l’histoire en passant par tous les évènements marquants : la guerre sino-japonaise, la seconde guerre mondiale, la révolution, le grand bond en avant, la révolution culturelle, la mort de Mao, le massacre de Tiananmen et enfin l’élection de Xi Jinping, actuel président. A chaque période, plutôt que de suivre l’Histoire et ses évènements publics, on assiste aux répercussions de l’Histoire dans la vie privée des familles des dirigeants. Cette méthode permet de voir en détail comment les dirigeants actuels sont arrivés au pouvoir.

Soit dit en passant, quand je parle des dirigeants, il s’agit quasi-exclusivement d’hommes. Le Parti Communiste Chinois se vantait de pouvoir créer une société où l’homme et la femme sont égaux, mais ce n’est vraiment pas mieux qu’ailleurs, au contraire. La femme est une épouse et une mère avant d’avoir une vie à soi. Et si jamais elle travaille dans les hautes sphères de la société, son statut hiérarchique ne peut jamais dépasser celui de son mari, et le communisme qui voulait virer le patriarcat confucéen, c’est raté.

Cette « nouvelle » société ne diffère quasiment en rien des précédentes en réalité : toujours de la corruption, du népotisme et plein d’autres mots compliqués. Certains sinologues ont même appelé Mao « L’Empereur Rouge », tellement il s’était octroyé de pouvoirs (en même temps quand tu diriges le gouvernement, le parti et les armées, les autres ne font pas trop les malins). Après Mao, les dirigeants étaient limités à 2 mandats de 5 ans, mais ce n’est plus le cas depuis Xi Jinping, qui peut maintenant être président à vie (A voir s’il va utiliser ce pouvoir pour être « empereur à vie » ou si c’était une stratégie politique afin de s’éviter les foudres des dirigeants suivants, rendez-vous en 2023 pour la réponse).

Pour être dirigeant en Chine communiste, il faut être un cadre du parti communiste. Tout le monde peut rentrer au parti et grimper les échelons, mais ça fonctionne beaucoup mieux quand on connait bien les cadres déjà en place. Les cadres du parti ont (en plus du contrôle du gouvernement) un accès aux soins et à l’éducation facilités, ainsi qu’aux autres services publics. Les enfants des cadres communistes ont donc cette double facilité d’être mieux éduqués que la moyenne et en plus, peuvent rentrer facilement au gouvernement juste parce que c’est le fiston à Pôpa. Tous les dirigeants ne sont pas « fils de princes », l’ancien président Hu Jintao (président jusqu’en 2013) n’avait pas de famille dans le gouvernement, mais il connaissait très bien Deng Xiaoping (Coucou Tiananmen). Donc toujours « c’est mon pote, je le mets au pouvoir si je veux. »

Est-ce que la Chine est une dictature ? Et bien fait, pas tout à fait. Même si Xi Jinping fait en théorie autant de mandat qu’il le veut, il faut encore qu’il soit élu par les cadres du parti, il ne peut pas faire ce qu’il veut à 100%. Le terme plus exact serait une aristocratie : le pouvoir n’est pas donné à un homme, mais à une caste (ceux qu’on le pognon). Évidemment, pour le peuple, ça ne fait pas une grande différence.

C’est un résumé (en gros) de ce dont parle cet essai. Je ne suis évidemment pas complet, donc vous pourrez en apprendre beaucoup plus sur les magouilles du PCC en le lisant. Bon courage !