Passagère du silence – Fabienne Verdier

Aujourd’hui, on parle calligraphie et voyage initiatique avec Passagère du Silence, l’autobiographie de Fabienne Verdier.

Quoi de mieux pour étudier la calligraphie chinoise que de partir 10 ans en Chine et d’étudier directement avec un professeur de calligraphie ? (c’est une question rhétorique, évidemment, ne cherchez pas de solutions à cet épineux problème.) C’est donc pour la Chine que Fabienne Verdier s’est embarquée au début des années 1980 afin d’apprendre la calligraphie chinoise. (Je radote ?)

Bon, ça ne se fera pas aussi facilement que prévu au début : afin de savoir parfaitement calligraphier, il faut tout d’abord maitriser les quelques traits de bases. Elle va donc passer un certain temps à apprendre comment on calligraphie un trait vertical. Et c’est tout. Il y a de quoi démotiver. Ajouté à cela que des occidentaux en Chine dans les années, 1980, il n’y en a pas énormément non plus, et qu’elle entre donc en conflit avec certains de ces camarades pour des questions de douches ou de chambres, le début est compliqué pour elle.

Une fois les traits de bases acquis, il faut passer à la calligraphie en elle-même. Et là, Fabienne Verdier et le lecteur vont apprendre quelque chose de fondamental dans l’approche de la calligraphie : il ne faut pas rechercher un sens dans la calligraphie, mais de la beauté. Le calligraphe doit peindre de beaux caractères et tant pis s’ils ne font pas de sens ou s’il ne les comprends pas, il importe juste qu’ils soient beau ; et l’amateur qui se retrouve devant une calligraphie chinoise est plus avantagé s’il ne comprend pas la langue, car il n’est pas dans la recherche du sens, mais porte plus son attention sur la graphie de chaque caractère. (C’est clair ou pas ?) Un extrait du livre porte sur le fait qu’un jour, Fabienne Verdier avait composé et calligraphié un poème, et l’avait montré à son maître, fière d’elle. Elle ne fut pas tout à fait reçue comme elle l’avait prévue, puisque le maître lui dit qu’ayant porté toute son attention sur le sens global de son poème, elle n’avait calligraphié chaque caractère aussi rigoureusement que s’il était indépendant et dénué de sens.
C’est d’ailleurs sur ce principe que travaille Xu Bing, un artiste chinois, qui ne travaille qu’avec des caractères chinois qui n’existent pas. (quel farceur ce Xu Bing) Si on ne parle pas la langue, ça ne fait vraiment aucune différence par rapport à une calligraphie de base, mais ça permet de placer le sinophone dans la situation de non recherche de sens.

Depuis son retour de Chine, Fabienne Verdier est assez connue en tant que peintre et calligraphe et fait pas mal de salons et d’expositions en Europe (France et Allemagne). Si vous avez l’occasion d’aller à une de ses expositions, allez-y. C’est fascinant ce qu’on peut faire avec de l’encre et un pinceau. ^^