Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes – Dai Dunbang, Bertrand Goujard

Quand il s’agit de me faire des cadeaux, je suis très facile à contenter : si on m’offre n’importe quel livre je suis déjà très content, mais un livre sur la Chine, je saute de joie ! ^^ On pourrait croire que du coup on ne m’offre que ça et que je n’ai jamais aucune surprise, mais déjà on ne m’offre pas que des livres, et en plus quand c’est un beau livre chinois avec de magnifiques illustrations et des traductions de poèmes de la dynastie Song, c’est quand même une surprise. ^^

J’ai donc reçu de la part de mes sœurs, le livre Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes, des traductions de Bertrand Goujard de poètes Song, tous illustrés par Dai Dunbang. Livre édité chez les éditions de la cerise.

La dynastie des Song est datée entre 960 et 1279, dates qui correspondent au Moyen-âge en Europe, mais c’est une période qu’on considère comme une Renaissance en Chine, l’art prospère, ainsi que les sciences et l’économie, bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… En Chine, les poètes Song sont assez reconnus, derrière ceux de la Dynastie des Tang, qui restent les références en toutes circonstances. (Même Alexandre Astier, dans Kaamelott cite un poème de Meng Haoran, un poète Tang :
« Au printemps, le sommeil ne cesse dès l’aurore.
Partout se font ouïr les gazouillis d’oiseaux.
La nuit s’achève enfin dans le souffle des eaux,
qui sait combien de fleurs seront tombées encore. » )
Les poètes Song, bien moins connus en Europe, restent quand même des pointures. ^^

Les thèmes abordés dans les poèmes sont assez récurrents dans la poésie : c’est soit des poèmes martiaux (à la gloire de généraux, souvent de la période des trois royaumes), des poèmes sur la nature avec la grande fascination qu’ont les poètes chinois pour la lune (Li Bai, un poète Tang encore, est mort noyé en essayant d’embrasser le reflet de la lune dans le Yangzi, bon il était probablement saoul comme un cochon aussi, les poètes Tang écrivaient beaucoup de leurs poèmes bourrés) ou bien des poèmes romantiques. Et là, à un moment, le traducteur a craqué. Au milieu d’un joli poème nostalgique de Shi Yan, le traducteur utilise le mot « Pomponette » : le vers 《長記小妝纔老》(mot à mot, il me semble que ça donne : long – souvenir – petit – dot – à peine – vieux) est traduit « Quand m’absorbent les souvenirs de ma Pomponette vient enfin le répit ». Alors, évidemment, je ne sais pas comment on dit Pomponette en Chinois et je n’ai pas vérifié si tous les poèmes étaient bien traduits, mais ce vers là est assez perturbant, à part un pari avec un pote (Hey tu placerais le mot « pomponette » dans une traduction de poème Chinois ?), je vois pas ce que ça fait là, surtout que c’est le seul craquage du livre.

Chaque poème, sinon, est illustré par Dai Dunbang, spécialiste des dessins traditionnels, selon la méthode ancienne ou des peintres, inspirés par un poème, pouvaient peindre une œuvre qui accompagnerait ce poème. (ça fonctionnait aussi dans l’autre sens si un poète était inspiré par un tableau, il pouvait écrire un poème qui était alors directement écrit sur le tableau, c’est pour ça qu’on trouve beaucoup de tableau chinois avec des poèmes écrits dessus (parfois plusieurs sur un même tableau.)) Les illustrations de ce livre sont originales, mais ressemblent beaucoup au style pictural chinois tel qu’on le connait.

Certains dessins rappellent la peinture de shanshui (paysage) traditionnelle, mais ce n’est pas non plus de la copie d’un ancien style. Dai Dunbang garde un style propre, surtout visible lorsque des personnages sont représentés.

Je peux conseiller ce livre à tout ceux qui aiment la poésie, ou juste les curieux qui veulent découvrir des exemples de poèmes Chinois, accompagnés des magnifiques illustrations de Dai Dunbang.